Ma pêche

Quelque part en bas de mon causse, coulent et courent des rivières aux eaux turquoises…
Je ne les connais pas encore, mais de ce que j’ai pu observer de loin, il y a de forts courants, des plats et des profonds, et une eau qui semble si animée, que je peux facilement y percevoir des truites centenaires, mais encore jeunes, de plusieurs kilos sous ces roches inexplorées…

Je suis venu m’installer ici, à la manière des grands explorateurs : j’ai regardé une carte, son relief ses cours d’eau, sa topographie, et je me suis dit que je serais bien ici. J’y ai dégotté un nouveau boulot. Et comme un migrant, j’ai quitté ma famille, mes amis, mes rivières, mes paysages… à la recherche d’un monde meilleur.
Je me rends à présent compte, par extension, que l’immigré n’est pas seulement « le voleur de poules », celui qui « vole le pain  aux honnêtes gens », mais qu’il est le courageux, l’aventurier, qui traverse mers et monts à la recherche de conditions de vie meilleures…

N’est-ce pas là le destin de l’homme depuis son premier jour ? J'avoue qu'avec cette actualité,  la question me taraude ces derniers temps....
Peut-être me suis-je trompé dans mon choix. Seule la postérité me le dira. Je ne crois pas appartenir à la Terre, mais je crois que la Terre m’appartient…pour une période tout du moins.
Et je ferais en sorte de la préserver du mieux que je peux.

Je ne connais rien à la pêche; ce qui ne m'empêche pas de l'aimer. Tout ce que je sais, c'est que j’aime être au bord de l’eau.
En pêcheur. en ami. En touriste….Peu importe.
Avec mes bottes, trop grandes, ma casquette à l’envers, mon T.shirt débraillé et mon look de non-pêcheur.

J’aime aussi pêcher seul.

Et j’aime partager mes souvenirs avec les autres.
Parfois.

J’aime créer. J’aime improviser au bord de l’eau. J’aime rentrer bredouille.J'aime lire. Et j'aime écrire.
Je crois.

J’aime aussi ramener une belle truite dans mon panier. Quand il n'y a plus rien dans le frigidaire, que les épiceries sont fermées, et qu'un simple petit morceau de beurre, fondu dans ma poêle, grâce à ma prise de la journée me permet un petit plat gastro digne de tous ces petits restaurants du bord de la riviere...
C'est pourquoi, comme le sage tourne autour du tombeau, j'émets quelques réserves concernant le no-kill absolu...mais c'est un autre sujet.

J’ai l’avantage, par rapport à d’autres pêcheurs, de ne pas en ferrer souvent, ce qui me donne le droit de garder ma prise, de l’observer, de l'admirer avant de la savourer le soir venu, en me remémorant ma journée.

Bref, je préfère bien souvent mes illusions à la réalité.
Sauf quand je pêche.

La pêche me ramène à une certaine réalité. Ma réalité. celle d’un jeune homme seul, qui a fait un choix. Et qui doit se battre toute une journée pour attraper un poisson.

Le choix d’un jeune homme qui espère trouver l’épanouissement ailleurs que dans les rations humaines…

Je m’adresse à des pêcheurs. Je suis sûr que certains comprendront.
Même s'ils ne l'avouent pas...

joli texte! très joli même !

Merci Maraud !!
Il me tarde l'ouverture !!

Quand je me serais emmêlé dans les branches, et mouillé les chaussettes au fond de mes bottes dans ces nouvelles rivières, je tiendrais sans doute pas le même discours...mais le fond restera le même : la quête de l'épanouissement à travers une passion

belles réflexions surtout, j'aime

Merci dede !

Tu etait pas dans l'Aude a moment donné ?

dede a écrit:belles réflexions surtout, j'aime

+1 

sympas ton récit , bien écrit et tellement d'actualité ....

j'ai bien aimé ....

fab

Merci pour vos comms.

Non, jamais été dans l'Aude. J'ai failli à un moment (pour les études), mais finalement non

Merci pour ta prose; elle nous apporte beaucoup de plaisir et de fraîcheur...

J'espère te rencontrer au bord de l'eau; je pêche le 
Tarn principalement...fais toi connaître...

Salut Alain, merci pour ton comm.

Je pense aussi pêcher le Tarn, on se rencontrera certainement, je te ferai dirai vers où je pêche quand je l'aurais un peu exploré.

  bien écrit et sympa 

Merci Lamicheric !

bien ! 

Merci pour ce récit .